Un peu d’histoire à propos des O’Neill

Qui sont les Uí Néill ?


La main rouge des O'Neill

La main rouge des O’Neill, devenue l’emblème de l’Ulster, est un symbole fort aussi bien dans la tradition gaélique que dans la tradition britannique nord-irlandaise.

O’Neill (en irlandais :  Ó Néill, anciennement Ua Néill, plur. Uí Néill : « descendant de Niall »). Une souche familiale parmi les plus anciennes d’Europe dont l’histoire se perd dans la légende, une dynastie majeure de l’Irlande ayant régné de manière ininterrompue pendant 12 siècles au Nord et sur tout le pays pendant de longues périodes, un groupe de clans ou « parentés », eux-même composés de multiples branches plus ou moins prestigieuses.

Les Uí Néill attribuent leur origine à Niall Noigiallach (Niall aux Neuf Otages), un ard-rí Érenn (haut-roi d’Irlande) semi-légendaire, de religion celtique, qui aurait régné sur l’île depuis la colline de Tara entre 378 et 405. Les otages qu’il détenait venaient des 5 provinces irlandaises et de l’Ecosse voisine !

Source : Wikipedia

C’est au XIe siècle que se généralisa le patronyme Ua Néill, que portèrent tous les descendants d’un autre roi de la parenté d’Eógan (les Cenél nEógan), Niall Glúndub, roi d’Ailech et haut-roi d’Irlande, mort en combattant les Vikings en 919.

Au milieu du XIIIe siècle, le dernier à revendiquer la couronne d’Ard rí Érenn fut Brian Ua Neill (1258).  Les Uí Néill furent peu à peu les victimes de la mainmise anglo-normande sur l’île, après la mort de Brian sur le champ de bataille en 1260. Ils se rallièrent vainement, en 1316, à Edward Bruce, frère du roi d’Écosse, vaincu et tué en 1318. On les vit ensuite, tout en conservant le titre royal de Tyrone, prendre la tête de multiples insurrections contre les souverains anglais ; en 1567, les troupes d’Élisabeth vinrent à bout de la révolte de Shane O’Neill (Seaán Donnghaileach) qui fut aussi le dernier « roi » de Tyrone.

Hugh O’Neill (Aodh Mór Ó Néill)

Connus désormais sous le titre de « comtes de Tyrone », ses successeurs ne furent pas plus dociles : Hugh O’Neill (Aodh Mór Ó Néill) participa au soulèvement de l’Irlande de 1598 et, vaincu en 1601, ne se soumit qu’en 1603 ; provisoirement revenu dans ses titres et ses terres mais en conflit mais fortement restreint dans ses pouvoirs, sur le point d’être arrêté, Hugh embarqua en 1607 lors de l’épisode de la Fuite des comtes pour l’Espagne. Poussés par des vents contraires, il trouva refuge à Rome après un passage aux Pays-Bas, bénéficiant de l’hospitalité du pape Paul V. Les espoirs d’aide s’effondrèrent quand Philippe III d’Espagne montra son désir de maintenir la paix avec Jacques Ier d’Angleterre. Hugh mourut à Rome en 1616.

Owen Roe O’Neill (Eoghan Rua Ó Néill), embarqué jeune homme lors de la fuite des Comtes, grandit aux Pays-Bas espagnols, et servit pendant près de 40 ans dans le régiment irlandais de l’armée espagnole. Revenu en Irlande avec 300 vétérans pour aider à la rébellion de 1641 (voir notre note), il prit de même en 1642 la direction de la révolte catholique des Confédérés à Kilkenny* et, excellent officier, remporta en 1646 la victoire de Benburb sur une armée anglo-écossaise ; mais, succombant à la maladie – ou à l’empoisonnement, selon la tradition, il ne put exploiter ce premier succès.

Eaoghan Ruadh (Owen Roe) Ó Néill

Eaoghan Ruadh (Owen Roe) Ó Néill – copie lithographique d’un tableau récent

Les échecs historiques des O’Neill reflètent l’extrême division des Irlandais entre clans et dynasties opposés ; Owen Roe O’Neill lui-même ne sut pas rechercher à temps l’union des Irlandais catholiques et protestants.

Après 5 siècles de combats incessants avec l’envahisseur britannique et de querelles intestines, qui ont eu raison de l’ancienne société gaélique, autrefois condamné à l’exil ou à l’oubli, ce groupe familial est aujourd’hui évalué à environ 130.000 représentants disséminés sur les 5 continents.


* lors de la Guerre des Confédérés, volet irlandais de la Guerre des Trois Royaumes, dans laquelle Charles Ier d’Angleterre œuvra pour la mainmise de l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande. Après l’échec d’une rébellion rapide menée en 1641 par Felim Roe O’Neill (Féilim Rua Ó Néill), la société catholique gaélique et veil-anglaise fonda, en 1642, la confédération de Kilkenny pour lutter contre les colons britanniques protestants et leurs partisans d’Angleterre et d’Écosse. Profitant dans un premier temps des désordres d’Angleterre liés à la guerre civile, ils purent gouverner dans un premier temps l’Irlande comme un état indépendant jusqu’en 1649. Leur soutien aux Royalistes écossais entraîna leur écrasement par la New Model Army, armée de professionnels dont les célèbres « côtes de fer » (ironsides), dirigée par Oliver Cromwell, lors de sa reconquête de l’Irlande entre 1649 et 1653. L’armée d’Ulster d’O’Neill fut incapable d’empêcher la reconquête de Cromwell du pays, malgré la victorieuse défense de Clonmel par Hugh Dubh O’Neill, neveu d’Owen Roe. Cette armée fut détruite à la bataille de Scarrifholis dans le comté de Donegal en 1650. Les rescapés continuèrent une guérilla jusqu’en 1653, date à laquelle ils se rendirent à Cloughoughter dans le comté de Cavan. La plupart des survivants furent autorisés à partir servir dans l’armée espagnole. Ces guerres provoquèrent en Irlande d’importantes pertes en vies humaines, comparables seulement, dans l’histoire de ce pays, avec celles de la Grande Famine de 1840. Elles virent également la confiscation massive des terres possédées par les Irlandais catholiques.