Reddition d’Arras commandée par Dom Eugenio – Eoghan Ruadh ou Owen Roe Ó Néill (1640) – Bibliothèque Richelieu

« Quand les Français prendront Arras, les souris mangeront les chats »

La defaicte des Espagnols à l'attaque du siége d'Arras

La defaicte des Espagnols à l’attaque du siége d’Arras : [estampe] – Source Gallica/BNF

Ces vers sont inscrits sur l’une des portes de la ville par les Espagnols. En juin 1640, le siège de la plus importante place forte de l’Artois a commencé (siège relaté à travers la pièce Cyrano de Bergerac). Louis XIII en personne vient encourager ses troupes, que dirigent les maréchaux de La Meilleraye, de Châtillon et Chaulnes. Tout à coup, des Français se voient eux-mêmes assiégés par les troupes du cardinal-infant d’Espagne, qui les prennent à revers. Les vivres viennent bientôt à manquer aux assiégeants assiégés. Par les ruses les plus extravagantes, les Français parviennent à faire passer des vivres au travers des lignes ennemies. Le 9 un combat violent éclate. Il contraint d’un côté les Espagnols encerclés à se rendre, et de l’autre les Espagnols qui encerclent à fuir. La ville tombe. Au soir les soldats français corrigent l’inscription en enlevant une seule lettre, le p . Désormais, sur la porte de la capitale de l’Artois française, on lit « Quand les Français rendront Arras, les souris mangeront les chats. »


Eaoghan Ruadh (Owen Roe) Ó Néill

Eaoghan Ruadh (Owen Roe) Ó Néill – copie lithographique d’un tableau récent

Les Ó Néill servirent différentes monarchies catholique : l’Espagne en est une. Ainsi, le colonel qui tenait la place du côté espagnol n’était autre qu’Eoghan Ruadh Ó Néill (Owen Roe O’Neill). Fils d’Art MacBaron O’Neill, frère plus jeune de Hugh O’Neill, 2e comte de Tyrone (O’Neill le Grand). Encore jeune homme, il quitta l’Irlande lors de la fuite des comtes pour échapper à la conquête anglaise de son Ulster natal.

Il grandit aux Pays-Bas espagnols, et servit pendant près de 40 ans dans le régiment irlandais de l’armée espagnole. Il combattit la plupart du temps dans la guerre de Quatre-Vingts Ans contre les Provinces-Unies en Flandre, notamment en 1640 au siège d’Arras, où il commandait la garnison espagnole. Hostile à la présence anglaise protestante en Irlande, il proposait que l’Irlande fût érigée en République sous la protection espagnole.

Ce projet n’aboutit pas, mais O’Neill retourna cependant en Irlande en 1642 avec 300 vétérans pour aider à la Rébellion de 1641.

Au soir de la défaite de la ville, c’est avec les honneurs que la garnison, dirigée par Owen Roe O’Neill, que les Espagnols nomment Dom Eugenio, put sortir de la ville tambours battants; C’est ce passage de l’histoire de France que nous vous livrons ici, en original et avec la transcription.


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Articles accordez a Dom Eugenio O’Neill Mestre de camp d un regim. Irland. comanda les gens de guerre pour le service de sa Majesté catholique dans Arras ./.

Premierement
Que ledit Mestre de camp dom Eugenio O’Neill et tous les capitaines officiers et gens de guerre de cavallerie et d’Infanterie et aud. qui sont a la solde de ladicte Majesté catholique, Eclesiastiques et seculiers ∫ortiront des ce soir dans les dehors ./.

Quils ∫ortiront demain de ladicte Ville avec armes bagages tambour battant enseigne desployée balle en bousches et mesche allumée par les deux bouts et quis ∫eront conduits en toute ∫eureté avec leurs chevaux et meubles Jusques
en la Ville de Douay ./.

Quil leur ∫era permis d’amener quatre canons ∫cavoir deux de seize livres de balle et deux de six et un mortier et leur ∫eront donnez pour escorte deux cens chevaux francois naturels avec un officier pour la garde de la personne dudit Mestre de camp dom Eugenio oneill pour ∫eureté delaquelle Ils lai∫seront ostages ./.

Quil ∫era aussy permis de laisser des meubles en telle maison quils verront bon estre avec toute seureté et leur ∫era donné pa∫seport pour les faire conduire par cy apres ou bon leur semblera Mesmes aux blessez et autres qui voudront ∫ortir de ladicte Ville ./.

Que tous les prisionniers qui auront este faits pendant ce siege ∫eront depart

Et d’autre mis en liberte nottamment Monsieur le duc de Virtemberg ./.
Que ceux qui ∫ont au ∫ervice de ladicte Majesté catholique tant presens qu’abs~ ayans quelque biens meubles et Imeub~ en ladicte Ville, auront Un an pour soigner a leurs biens et les faire vendre par procureur, mesmes y pourront retourner sils veulent pendant les ∫ix premiers mois, et jouiront lors du mesme privillege que les bourgeois en prestant ∫erment de fildelité ./.

Et ∫era permis aux gens de guerre qui ∫ont mariez en ladicte ville d’y lai∫ser leurs femmes lespace des trois premiers mois pour donner ordre a leurs enfans ./.

Qu’on ne poura visiter aucuns bagages ny coffres, et particulierement ceux de
Monsieur le comte d’Isambourg sil aucuns y a et ∫era ∫on bagage et celuy de ses dommestiques transporté en toute seureté jusques en la ville de Douay ./.

Que ledit colonnel a∫seurera quil ny a aucuns francois cachez, ny aucunes armes et munitions ./.

Qu’on ne pourra repeter ny demander aucuns chevaux armes habits ou autre butin pris durant et devant le ∫iège aynsi que tout demeurera en la po∫session de ceux qui l’auront prix et achepté, selon les loix ordinaires de la guerre ./.

Quaucuns ∫oldats ne pourront estre arrestez pour debtes particulieres /

Faict au camp devant Arras le 9~
Aoust 1640. Signé chaulnes, de chastillon et la Meilleraye ./.

Estat des trouppes de la garnison d’arras qui en sont ∫orties le 10~aoust 1640 ./.

Avant-garde Caune.

Les compagnies des capnes ∫stanguet, et Nicolas cravattes faisans ….. 112 M~.
La compagnie de dupre Vuallonne ……………………………………. 88
La compagnie du comte de Fouquemberg vualonne …………………. 80
La compage du comte de Meque ……………………………………….80

Infanterie.

Cinq compagnies Espagnolles du
regiment de dom Pedre de Leon, dont y a de capitaines presens, francisco del Veis et Jean Antonio Pachico de benajecis faisans…………………….326 hoe.
Huict compagnies vuallonnes du comte de Villerual deux de Vuesemael et les regimens des comtes de beaumont et de Fouguemberg………………. 763

Arrieres gardes ./.

Le Regiment de Dom Eugenio Oneill Orlandois ……………………….. 473
La compagnie d’Arquebusiers liegeois a cheval avec cuira∫ses de Frequel 42
La compagnie du compte de beaumont de Vualons ……………………… 80
La compagnie du baron d’Amboise aussy
de vualons ………………………………………………………………… 90

Total de la cavallerie 572 Mes
Total de linfanterie 1582 hoe~.
Totali∫sime de la garnison ∫ortie d’Arras ……. 1254 hoe~.

Lettre de Mons~ de Noyers a Messrs les generaux du 11e. Aoust ./.

Messieurs.
Le Roy me commande de vous e∫crire que pour a∫seurer la prise d’arras la premiere cho∫e que ∫a Majesté e∫time debvoir estre faicte est de combler les tranchées, refaire les dehors, reparer la bresche avec de bonnes pali∫sades a labry desquelles on puisse refaire ∫eurement la muraille a laquelle on croit quil faut travailler en reparant
Les de∫fauts qui y ont esté remarquez /

Il est besoing au∫sy que vous donniez promptement ordre a faire razer la circonvalation en ∫orte que les ennemis ne s’en puissent jamais ∫ervir ./.

Cet article e∫t de telle importance quil faut avoir un soing particulier de ne pas retomber aux inconveniens qui arrivent dordinaire en pareilles occasions, ou le contentement qu’on a de ∫e veoir en po∫se∫sion de ce qu’on de∫ire faict oublier les precautions requises pour en a∫seurer la conqueste /

Pendant qu’on travaillera a l’execution de ce que de∫sus il faut penser tout de bon audedans de la ville ce uqi consiste premierement a e∫tablir une bonne garde telle que vous re∫oudrez.
Pourvoyant a la seureté de la place
il fauct a mesme temps donner ordre a la police des gens de guerre en ∫orte que les bourgeois n’en ayent aucun mescontentement, et faut faire ce regleme~. Tel que non seulement toute la ville le sache Mais que toutes les circonvoi∫ines en soyent ∫atisfaictes ./.

Il faudra disposer Messieurs de la ville par les plus ∫ensez a mettre toutes leurs armes en un magasin publicq dont le gouverneur aura la garde, jusques a ce quils ayent faict leur armée de probation dans le service du Roy ./.

Il ∫era a propos de leur faire cognoistre adroitement qu’on desire plutost cela deulx parce que c’est la coustume qui ∫e praticque en villes prises, que par meddiance qu’on ayt de leurs per∫onnes./.
Monsieur de
Monsieur de sainct preuil qui en est gouverneur doibt avoir un soing particulier de traicter ces peuples de nouveau reduicts ∫oubs l’obeissance de sa Majesté, avec tant de police et de douceur qu’a leur exemple les villes voisines ayent occa∫ion de ∫e ∫oubmettre volontairem~a sa dominaõn./.

Il faut au∫sy ∫cavoir sy la ville est bien remplye de bleds /

Ce quil y en a dans les Magasins qui estoyent du Roy d’Espagne /

Ce quil y a de munitions de guerre afin qu’au me∫me temps l’on pourvoye a la garnir de toutes cho∫es pour plus d’un an et ordonnant a tous les habitans de ∫’en munir chacun po~. Autant de temps ./.

Je supplie Me∫sieurs les generaux
de me croire entierement leur tres humble et tres affectionne servite~.
A Amiens ce 11e. Aoust 1640 ∫igné de Noyers ./.

Lettre de Monsieur le Maral de Chastillon a Monsr de Noyers, du mesme Jour.

Monsieur.
Le colonel Caltoff ayant eu son regiment refformé comme vous ∫eavez, et ayant ∫ubject d’aprehender de la qu’on ne le voulust traiter differement des autres colonels estrangers, a requis ce mot de moy pour vous repre∫enter ∫es justes interests en ce rencontre, je vous puis a∫seurer Monsieur quil ∫ert pour sa personne de me∫me que les autres collonels, tant aux gardes convoys, parties, que autres fonctions
de guerre, quoy faisant il ne seroit pas raisonnable de ne le considerer que comme simple capitaine, vous en cognoi∫sez le merite, je vous supplie donc Monsieur de luy vouloir conserver les mesmes appoinctemens quil a cy devant euz comme collonnel et ∫y pour la campagne prochaine le Roy vouloit faire levée de quelque regiment estranger, luy en donnant la charge et le preferant a tout autre jestime que ∫a Majesté recepuroit contentement de ∫on choix, il ne luy reste que destre apuyé de vostre faveur que je vous demande pour luy avec la mesme affection dont je ∫uis

Lettre du Roy a Messieurs les generaux du 12e Aoust

Mes cousins, j’envoye a Arras la compagnie du sieur de Roel du
regiment de mes gardes ∫uisses pour y tenir garnison ∫uivant l’advis que je vous ay donné, et je laccompagne de cette lettre pour vous dire que mon intention est que vous l’y fa∫siez recepvoir et loger et joindre aux autres compagnies du mesme regiment, et donniez ordre que les vivres nece∫saires luy ∫oyent fournis en paya°. ∫ur ce je prie Dieu quil vous ayt mes cousins en sa saincte et digne garde
Escrit a Amiens le 12~jour d’Aoust 1640 ∫igné Louis et plus bas Jublet

Autre du mesme jour.

Mes cousins, ayant ∫ceu que plusieurs officiers de mes armées que vous commandez, vous pre∫sent de leur donner congé, je vous fais cette lettre pour vous dire que mon intention est que vous ne donniez congé à
aucun chef officier ny ∫oldat de cavallerie ou infanterie ∫y ce n’est pour blesseure ou maladie extreme qui le puissent rendre absolument incapable de servir toute la campagne, et la presente n’estant pour autre fin je prie Dieu & ca.
Escrit a Amiens le 12~Aoust 1640
∫igné Louis et plus bas Jublet /.

Autre du mesme jour.

Mes cousins ∫ur la plainte qui m’a esté faicte de l’enlevement faict par des cavalliers du Regim~d’Aubaye que l’on tient estre officiers, d’une fille apellée Marie Pelieu aagée de dix huit ans de poil blond et le visage marqué de verolle, quils ont prise au village de Beauvoir prez Breteuil les festes de la Penteco∫te derniere et quils la tiennent encore
avec eulx, ayant resolu de faire punir un rapt de cette con∫equence je vous fais cette lettre pour vous dire que vous ayez a faire descouvrir par quelque personne confidente et afroite entre les mains de qui dudict regiment est ladicte fille que vous le fa∫siez prendre et les autres autheurs de ce rapt, et les fassiez en suitte chastier exemplairement a la teste de l’armée, faisant conduire la descouverte de leur crime et leur prise avec telle adre∫sse quils ne se pui∫sent evader et eviter le chastiment quils meritent, et quand a la fille, j’entends que vous la renvoyez avec quelque personne discrette, par le premier convoy que vous ferez faire par deça vous a∫seurant que vous ne seauriez faire cho∫qui me ∫oit plus agreable et ∫ur ce je prie Dieu &ca. . Escrit a Amiens
Le 12~juillet 1640 ∫igné Louis et plus bas Jublet ./.

Autre du 13~.

Mes cousins, ayant accorde au sieur de Longueval la charge de M~de camp dun regiment d’infanterie pour mon service qu’avoit le ∫eu~s de Longueuval, je vous escrits cette lettre pour vous dire que mon intention est qu’en attendant que la commi∫ion luy en soit expediée vous le mettiez en poce∫sion de ladicte charge et le fa∫siez recognoistre par tous les officiers et soldats dudict regiment et la prestent n’estant po~ autre fin je prie dieu quil vous ayt mon cousins en sa saincte et digne garde Escript a Amiens le 13~Aoust 1640 ∫igné Louis et plus bas Jublet ./.

Autre du Me∫me jour.

Mes cousins entre les troupes dont je desire composer les garnisons de la ville et cité d’arras, ayant choisy du regiment de mes gardes francoises les compagnies de Tilladet, castelnau, Buzanval, Drouet, St Simon, et chandenier, du regiment de mes gardes suisses les compagnies de Redhing, ∫eauve∫sin, Rool, Mollondin He∫sy et Zombrun, mes regimens de champagne et de Navarre, Douze compagnies du regiment ∫ui∫se de Molondin, et le regiment du sieur de ∫ainct Preuil Jay bien voulu vous en donner advis par cette lettre et vous dire que je remets a vous de mettre en ladicte place les autres trouppes d’infanterie que vous y estimerez nece∫saires et pour la cavallerie je me repose aussy sur vous dy faire entrer les corps que vous ∫eavez
qui vuient avec plus d’ordre et qui ∫ont en meilleur estat, je vous recommande avec cela de pourveoir par vo∫tre prudence et auctorité que les trouppes qui y seront establyes ∫e contiennent toutes en discipline et police et que ceux qui oseront contrevenir a mes reglem~et ordonnances ∫oyent chastiez selon la rigueur d’icelles, cest ce que je vous diray par cette lettre, priant Dieu quil vous ayt Mes cousins en sa ∫aincte et digne garde Escrit a Amiens le 13~Aoust 1640 ∫igné Louis et plus bas Jublet

Autre du mesme jour.

Mes cousins jenvoye a Arras la compagnie du sieur de Zombrun de mes gardes ∫ui∫ses pour y tenir garni∫on ∫uivant ladvis que je vous en ay donné, et je l’accompagne de cette lettre pour vous dire que mon intent~
est que vous y fassiez recevoir et loger et joindre aux autres compagnies du mesme regiment et donniez ordre que les vivres luy soyent pourvus en payant ∫ur ce je prie dieu quil vous ayt mes cousins en sa ∫aincte et digne garde Escrit a Amiens le 13~Aout 1640 ∫igné Louis et plus bas Jublet ./.

Lettre de Mons. De Noyers a
Monsieur le Mareschal de chastillon de Mesme Jour

Monsieur,
Je renvoye les articles que vous avez accordez aux habitans d’arras avec la ratiffication du Roy.
Jay joint les ordres de sa Majté po~ lestablissement de la garnison dont neantmoings ∫a Majesté ∫e remet ∫ur vous de l’augmenter ou diminuer selon que vous le jugerez expedient
pour son service.
Dans lesdicts ordres il n’est point parlé de cavallerie pour ce que sa Majesté a jugé a propos d’en donner le choix a Monsieur de sainct preuil afin que prenant de ses amis, il trouve plus de facilité dans le ∫ervice vous en reiglerez le nombre avec luy ./
Je feray mon possible pour tous ceux quil vous plaist recommander Mr Vre~& ca ./.

Ratiffication de la capitulaõn d’arras du 12° aoust

Le Roy ayant veu et leu les articles cy de∫sus transcripts accordez par les sieurs Mareschaux de chaulnes de chastillon et de la Meilleraye, lieutenans generaux pour sa Majesté en ses armées d’Arthois, aux deputez eclesiasticques, nobles Magistrats, corps et communeautez des villes et
cité d’Arras pour la reddition d’Icelle en son obeissance ∫a Majesté a agréé aprouvé et ratiffié, agrée aprouve et ratiffie lesdicts articles et tout le contenu en iceux, promet de les tenir fermes et ∫tables de ∫a part et de les faire garder observer et entretenir ∫ans permettre quil y ∫oit contrevenu en aucune maniere a condition de prester presentement par tous les bourgeois et habitans de ladicte ville et cité d’Arras et gouvernement d’icelle de quelque qualité quils soyent le serment de fidélité d’eul a sa Maté. et de se conduire comme ses bons et fidels subjects conformement ausdicts articles en tesmoing de quoy elle a voulu signer la presente ratiffication de sa Main et icelle faict contresignz par moy son conseiller ∫ecretaire d’Estat et de ses commandemens et finances
A Amiens le 12° Aoust 1640 sig Louis et plus bas Jublet.
Lettre de
Lettre de Monseigneur le Cardinal a Messieurs les generaux du 15° aoust

Messieurs, ces trois mot ∫ont pour vous dire que Mons~de Noyers ira demain coucher a dourlans d’où il partira vendredy 17° a quatre heures du Matin avec l’escorte qui luy ∫era donnée par Monsieur du hallier qui le conduira jusques a la teste de canche ou je vous prie de ne manquer d’envoyer Mil chevaux pour le conduire au camp ./.
Il vous porte le supléement des monstres et ce qui est nece∫saire pour les travaux, vous ∫eavez trop l’estime que je fais de sa personne et l’affection que le luy porte pour manquer a envoyer l’escorte telle qu’elle est ∫peciffiée cy ed∫sus, je suis & C.

Lettre de Mons~de Noyers.
A Messieurs les generaux du mesme jour

Messieurs, en verite je suis honteux de la peyne que je vous donne, et je vous proteste que jay faict ce que jay pu pour l’éviter, mais il faut obeyr a nos maistres, au moins de ce mal en receuvrai je un bien et un honneur que j’estime beaucoup qui est de vous aller a∫seurer en personne que je suis plus que per∫onne du Monde /.

Lettre de Mons~de Bellejame intendant de la justice police et finaces en picardie a Mr le Mareschal de chastillon du mesme jour ./.

Monseigneur.
Si quelque occasion pouvoit relever vostre gloire acquise par tant de rencontres qui l’ont faict admirer de tout le monde le siege et la prise d’Arras a bien a∫sez de consideraõn
pour en augmenter l’estime et y donner quelque lustre qui attache les yeux de toutte l’Europe aussy bien que nos affections d’une eternelle recognois∫ance, estant vray que le souvenir de tant de batailles qui ont esté données pour la dispute et les pretention de la couronne ∫ur ce pays que vostre valleur luy vient de rentre releve sy hautement l esclat de vo∫tre victoire quil semble que les belles actions des grands capitaines qui se sont faicts signaller ∫e trouvent accomplies en la merveille de vo∫tre triomphe d’autant plus glorieux quil est plain de bonheur et d’advantage a la France qui demeure a jamais obligée demployer les vœux pour vo∫tre prosperité et moy en mon particulier de redoubler mes prieres pour me dire a jamais.

Lettre de Me∫sieurs les Maraux
De chaulnes et de chastillon a Monsieur de Noyers du Mesme jour ./.

Monsieur
Pour ne donner lieu a la creance que les officiers des regimens de longueval vervins et beausse et dandelot eu∫sent pu prendre quil ne tiendroit qu’a nos ∫oings quils ne fu∫sent payez de ce qui leur reste deul du quartier d’hiver, noe n’avons pu leur refuser ce mot de lre~pour recommander et apuyer un si juste interest, neantmoings vous ∫eavez combien de fois nous vous en avons escript jusques a vous pre∫ser et vous en importuner et pour le present il ne nous resteroit rien a y adjouster ∫y vous pouviez prendre loi∫ir dentendre cet officier qui vous est envoyé de la part desd regime~∫ur ce quil auroit a vous dire ∫ur ce ∫ubject, nous vous dirons ∫eulement
Monsieur que sil nest pourveu a le~ contentement il n’en faut attendre autre cho∫e qu’une di∫sipation certaine de ∫es trouppes par le desespoir de ∫e veoir plus mal traicté que les autres qui ont esté entierement payez, et n’ont peut estre pas mieux ∫atisfaict a leur traicté, nous vous ∫uplions donc Mons~d’y avoir esgard ∫elon que vous jugerez que la chose le merite et nous faire la faveur de nous croire tousjo~&.

Lettre de Mons~le comte de Harcour a Mons~le Maral de chastillon escripte du camp devant Thurin le 19 aoust 1640 ./.

Monsieur
∫y vostre gloire estoit moings cogneüe je serois le premier a la publier, il y a sy longtemps que vous avez commencé a rendre a la France des preuves
entieres de vostre valleur quil ne se peut rien adjouster a vo∫tre vertu, et tout ce qui peut maintenant acquerir de l’honneur est au de∫sous d’un million de belles actions que vous faictes, je ne ∫eaurois pourtant m’empescher coe. L’ung de vos plus passionnez ∫ervite~ de me resjouir avec vous de la prise d’arras, et vous dire que personne ne doubte que la plus grande partie de la gloire ne vous en soit deüe, qui ne vo~ ∫era jamais enuyée de celuy qui vous honnore comme moy cest de quoy je vous ∫upplie vous a∫seurer et que je ∫suis en effect ./.

Resolution de Messieurs les generaux touschant leschange des prisonniers ./.

Au camp d’Arras le 19° Aoust
La resolution qui a esté prise de faire
un eschange general des prisonniers des deux partis, ne permettant pas d’entendre a la delivrance d’aucun parez jusques a la resolution du traicté, et voulant en quelque facon gratiffier le S~ Bu∫talini en consideration de ce quil appartient a Mons~ Mazarin l’on le renvoye ∫ur sa parolle pour soliciter l’avancement dudict eschange afin ql y trouve sa liberté a condition ainsy quil a promis par e∫cript de ne point ∫ervir jusques a tant que par la conclusion dudict traicté il ∫oit quitte de ∫a parolle signé Chaulnes, chastillon et la Meilleraye.

Lettre du Roy a Mr le Maral de chastillon du 23° aoust.

Mon cousin, Ayant ∫ceu l’estat de toutes cho∫es dans arras et en mes armées ou vous estes, par mon cousin le Maral de la Meilleraye et par le s~ de Noyers
Je vous fais cette lettre pour vo~ dire qu’aussy tost que les lignes de la circonvallation de ladicte place ∫eront razées et comblées entierement et qu’apres que le premier convoy des vivres que j’y fais envoyer y ∫era entré et que vous aurez donne tous les ordres nece∫saires pour la conservation et ∫eureté de ladicte place, mon intention est que vous partiez avec mon armée que vous commandez pour venir camper a Aubigny et y faire repo∫er mes trouppes pendant quelques temps ./.
Que pour vous mettre en estat d’empescher que les ennemis ne pui∫sent prendre aucun advantage ∫ur vous et ternir par ce moyen la gloire que mes armes ont acquises en la prise d’Arras, jay resolu de faire en mesme temps advancer le s~ du hallier avec mon armée quil commande jusqu~a la teste de canche avec ordre de ∫y
camper et retrancher comme j’entends que vous fa∫siez au∫sy de vo∫tre part afin d’estre dans une entiere ∫eureté /

Et pour ce que pendant le siege d’Arras les armées ∫ont beaucoup diminuées je desire que vous fa∫siez reduire la distribution du pain de munition aux effectifs et que vous empeschiez quil ne ∫y commette point d’avus ./.
Vous avez ∫ceu la difficulté qui est arrivée pour le poste des compagnies du regiment de mes gardes francoises en la garde d’arras je vous adresse sur cela un ordre portant que lesdictes compagnies tireront au sort avec Mes regiments de champagne et de navarre et les compagnies ∫ui∫ses de mes gardes et que pour les regiments de saint preuil et de Molondin ils tireront entreulx pour le mesme ∫ubject, ce que voe ferez executer tandis que vous ∫erez
pardela, cest ce que je vous diray par cette lettre priant Dieu quil vous ayt mon cousin en sa saincte et digne garde Escrit a Amiens le 23° aoust 1640 ∫igne Louis et plus bas Jublet /

Ordonnance du Roy dont est faict mention en la lettre cy dessus du mesme jour

Le Roy voulant empescher quil narrive aucun differrend entre les compagnies du regiment de ses gardes francoises et les autres trouppes qui sont en garnison dans la ville et cité d’arras po~ leurs postes en la garde de ladicte place ∫a Majté a ordonné et ordonne que lesd. compagnies de ses gardes tireront au ∫ort avec les regimens de champagne et de Navarre et les compagnies du regiment des gardes ∫ui∫es estans en ladicte place pour le poste que chacun aura a tenir en sa garde, et quand au regim.
de sainct preuil et de Motondin quis tireront en∫emble pour les postes quils auront a garder. ∫a Majesté remetta~ Au sieur de st preuil Maral de ses camps et armées, Mre de camp d’un regimet d’infanterie et d’un de cavallerie gouverneur dudict arras, d’a∫sister au∫dictes trouppes entr’elles telz postes quil estimera plus a propos, et de les changer quand et ainsy qu’il verra bon estre pour la ∫eureté de la place, luy mandant de tenir exactemt la main a l’observation de la presente, et aux chefs et officiers desdictes troupes de sy conformer ∫ur peyne de de∫obeyssance faict A Amiens le 23° aoust 1640 ∫igne Louis et plus bas Jublet/

Lettre de Mr de Noyers a Mr le Maral de chastillon du me∫me jour ./.

Monsieur, le convoy
Partant aujourdhuy de cette ville po~ aller coucher a Dourlans, il vo~ plaira d’envoyer demain de grand matin l’escorte que vous jugerez nece∫saire a la teste de canche, ce chemain la mayant ∫emblé et plus ∫eur et plus beau que celuy d’auesne./.
Il porte quatre Mil ∫eptiers de bled mesure de paris qui est pour nourrir la garnison pres de quatre mois, j’espere quil sera bien tost suivy d’un plus gran, et que devant quil soit un mois la ville aura des vivres pour un an ./.
Ce premier convoy estant arrivé a bon port ∫a Majesté estime que vos lignes razées vous pourrez aller camper a Aubigny vous y retrancha~ comme vous le seaurez bien faire en sorte que les armées du Roy ny pui∫sent recevoir injure ny aucun eschec qui en terni∫se la gloire, et po~ mettre
mettre les affaires dautant plus en estat de cela, sa Majesté a resolu d’envoyer l’armée de Mr du hallier se camper a la teste de canche ou il se debvra aussy retrancher pour y tenir ∫es trouppes en seureté, et la vo~ vous presterez la main l’un a l’autre ∫oit po~ entreprendre ∫oit pour vous maintenir et y sesjournerez autant quil sera le soing pour la seureté des convoys et que les fourrages vous le permettront donnant advis a ∫a Majesté du mouvement que vous aure a faire avant que vous changiez de poste /.
Il importe grandement et pour l’un et pour l’autre que vous ayez tousjo~ des parties a la guerre je dis ince∫sam~ afin que les ennemis ne puissent rien tenter sur vos troupes que vous n’en ∫oyez ponctuellem~ adverty ./.
Le Roy vous a accordé les douze Mil Livres que vous avez demandez, a∫seurez
vous que rien ne vous ∫era difficille et qu’en toutes rencontre vous trouverez en moy &.

Lettre de Mr de Lien Ambassadeur de Mrs les Estats a Mr le Maral de chastillon escrite de Paris le mesme jour ./.

Monsieur,
Nous avons grande occasion de louer Dieur de la prosperité des armes du Roy, la prise d’arras dont il vous a plu me donner advis aura grandement resjouy Me∫seigneurs les Estats et Monseigneur le prince Dorange aussy est elle digne de la grandeur de sa Majesté, veu la qualité de la place, l’incommodité des vivres aux a∫siegeans et lestat et la presence des ennemis armez de la pluspart de leurs forces et de celles de leurs alliez, les de∫seings de Monsigr le prince d’orange avoyent esté bien
adjustez pour seconder et faciliter ceux de sa Majesté tant en flandres que sur la Meuse, Mais tous les Elem~ semblent avoir conspiré a les contrepointer, les intentions de ∫on alte∫se vont encore apprendre les advantages et a contenter sa Majesté la circonvalation avoit esté tracée et commencée devant Gueldres, Mais les eaües du ciel des Marests la forcerent den quitter l’entreprise pour se retirer a Rhinberg, ou elle pense tout de bon a de nouvea~ partis et le 14° de ce mois estoyent deja arrivées de l’armée quelques compagnies a dordrecq, l’on ∫ceaura bien tost ce qui se pourra encore faire, jay rendu compte a Messeigneurs les Estats et a ∫on altesse de l’honneur quil vous a plus me faire a leur esgard, vo~ suppliant d’y persister, et finissant par ce vœu je vous baise tres humblement les mains pour demeurer ./.
Lettre de Mr le Maral de chastillon a Mr de Noyers du mesme jour.

Monsieur,
Nous n’avons eu aucunes nouvelles depuis vostre départ ce qui m’oblige a vo~ depescher le S~ de Bocasse pour vous rendre compte de lestat ou nous ∫ommes a present, l’on n’a point perdu temps a travailler a la reparation de la breche et des ravelons des deux attaques qui ne ∫eront encore remis en l’estat quils doibvent estre de huit ou dix jours, cela ∫apelle jusques a la fin de l’autre ∫emaine qui ∫era la fin du mois, nous tascherons de mesnager nos fourrages, que nous pui∫sions ∫esjourner dans nos mesmes quartiers jusques a ce temps la, nous estimons quil est du tout nece∫saire de faire ce ∫esjour encore dans nostre mesme campement et de ne changer de poste que ce travail ne soit en
parfaicte deffence, l’on na pas commencé encore a poser les barrieres au pied de la bresche ny au de∫sus a cause quil a fallu oster beaucoup de terre qu’on ne crroyoit pour ce qui est de la circonvallation, dans trois jours elle sera achevée de razer exepté ce que nous reservons pour la seureté des deux quartiers generaux ./.
Durant le sesjour que je vous marque que nous ∫ommes obligez de faire icy vous pouvez faire deux grands convoys pour le ravitaillement de la ville et po~ la subsistance de nostre armée, Bedacier nous a declaré aujourdhuy que nous navions du pain que jusques a lundy acau∫e quil ∫est trouvé plus de cent Mil rations tellement pourries et gastées quil est impo∫sible de s’en ∫ervir, le premier convoy que nous attendons entre cy et Lundy nous donnera moyen d’attendre le second, que vous
Pouvez faire le dernier de ce Mois ./.

Si le Roy et S.E. ∫esloignent d’Amiens devant qu’arras ∫oit pourvu pour le reste de l’armée nous nous trouverons en de grande peynes.
Vous ne debvez point doubter Mons~ que les ennemis ne fassent tout ce quilz pourront pour recouvrer Arras, on dit quils attendent de nouvelles troupes d’Allemagne, ils peuvent aussy tirer partie de celles qui ont esté opposées jusque icy au prince d’orange voyant que touts ses de∫seings ∫ont rompus et quil ny a pas aparence quil puisse rien entreprendre de nouveau le reste de la campagne, la saison estant advancée comme elle est, il est donc du tout nece∫saire de maintenir l’armée du Roy en estat que nous ∫oyons tous jours a∫sez pui∫sants de les empescher d’entreprendre un blocus devant Arras
Il faut ∫attendre que cette automne les troupes diminueront fort par les maladies a cause des fatigues qu’elles ont eu et de la mauvaise nourriture Il seroit moyen me ∫emble de donner ordre et moyen de bonne heure a tous les officiers des regimens de faire des recreües qui pourroyent arriver a la my octobre, autrement no~ nous trouverons fort faibles dans ce temps la et les ennemis bien renforcez qui est le temps quil pourront prendre pour faire des forts aux environs d’arras, vous ∫eavez Mr mieux que moy que ce n’est pas le tout d’avoir acq. Mais quil faut preveoir et pourveoir de bonne heure aux moyens de con∫erver cette conqueste a laquelle l’on a prodigué tant d’hommes, d’argent et de munitions, et ou vous avez employé tant de soings et de veilles pour nous en faire venir a bout, vo~ y penserez
donc a bon escient ∫il vous plaist, voe~ vous avez accoustumé de faire aux choses de telle importance, sy je nay oublié quelque petit article particulier le sieur de Bocasse vous le fera entendre de vive voix, et moy je demeureray &C.
Il est necessaire devant que le Roy parte d’Amiens quil plaise a son E. nous faire donner instruction de ce que nous avons a faire le reste de la campagne, se rapportant a ce que nous avons re∫olu avec Mr de Noyers et Mr le Maral de la Melleraye estant bon que nous l’ayons par escrit de mesme celle qui me fut laissée l’année pa∫sée (le Roy partant de Mouzon. Il plaira a son E. et a M. de Noyers ∫en souvenir, ∫cavoir ∫y le Roy nous donne pouvoir dengager un combat general avec les ennemis au cas que nous en pui∫sions prendre l’occasion
a propos. Nous jugeons que nous ne pouvons pas maintenir l’armée dans le pays des ennemis plus long temps que durant le mois de septembre, et cest beaucoup ∫y nous ly pouvons pa∫ser tout entier, car je croy que le Roy entend lors que nous ny pourrons pl~ ∫ubsister, quil nous ∫era permis de retirer l’armée entre les rivieres d’authie et de ∫omme, ou du coste d’hanap et de ce qui se pour la tenir tousjours ensemble jusques au temps que le Roy ordonnera des garnisons, et il faudra que le Roy ou ceux qui auront la charge des vivres ayent soing de nous faire tenir le pain prest ∫elon le changement des quartiers ./.

Autre lettre de Mr le Maral de chastillon a Mr de Noyers du mesme jour.

Monsieur, après ma
Depesche fermée les deputez des trois ordres de la ville d’arras me sont venus veoir pour me faire entendre comme ils avoyent esté nommez de leurs corps pour aller trouver le Roy me prians de vous escrire que parce quils n’avoyent point d’equipage pour ∫e mettre ∫y tost en chemin quils eussent deub, ils estoyent contraincts de remettre leur partement a lundy prochain, et quils vous ∫upplient tres humblement Monsieur faire en sorte que ∫a Majesté ne le trouve pas mauvais, ils sont la pluspart personnes d’aage qui n’estant accoustumez d’aller a cheval, difficilem~ en pourroyent souffrir le travail et ∫ont contraincts de chercher la commodité du carosse.
Jobmettois de vous dire que le sieur Guilleraut travaille icy avec grand soing et adre∫se. Il merite que vous luy donniez ordre de continuer encore
quelque temps, je luy fais faire un plan de la place ou ce qui peut estre plus promptement faict ∫era marqué, vous aurez Mons~ ∫atisfaction de ce que vous luy commettrez et moy je demeureray.

Monsieur de Noyers a Messrs les Mareschaux de chaulnes et de chastillon ./.
D’amiens le 24° Aoust 1640

Bien que vous n’ayez receu de mes nouvelles depuis trois jours, je vous puis asseurer que je ney pas oublié le renvittaillement d’Arras, comme vo~ l’aurez seu par le convoy de quatre Mil septiers de bled mesure de paris que je vous ay envoyé, qui ∫era bientost suivy dun autre de huict Mil ∫eptiers qui est pour autres huict mois. Outre cela jespere vous envoyer huict Mil ∫eptiers de bled pour vendre a la
bourgeoisie, et en suitte toutte ∫ortes dautres munitions de bouche et de guerre ainsy nous ferons de nostre part tout ce que vous pourrez desirer./.

Il est question maintenant de travailler par dela aussy dilligemment aux cho∫es qui deppendent de vos soings et de vostre auctorité comme je vous a∫seure que nous ferons pardeca ./.

Comme le plus important est de reparer et fortiffier la place, je vous prye d’y tenir la main en sorte que Mons~ Arnoul a∫sisté de vo∫tre pouvoir y pui∫se reu∫sir au contentement du Roy et de S.E. Il luy mande quil fa∫se travailler dilligemment a tout ce quil convient reparer et de plus de faire de nouveau les ouvrages qui ensuivent./.
Une demye l’une a l’endroict ou les ennemis
ennemis l’avoyent tracée durant le ∫iege au droict de la cité ∫ur le rui∫seau qui vien d’Inville ./.
Une petite corne dont les fossez ser~ bien profonds vers le moulin de l’attaque de Mons~ le Mareschal de la Melleraye./.
Il faut aussy considerer ce que l’on pourroit faire a un angle rentrant en la ville ou l’on aborde du co∫té de Rantzou proche le rui∫seau, plusieurs estimans quil se peut faire une bonne attaque de ce costé la, sil ny est remedié par quelque piece de fortiffication, au∫syto∫t que la Ma∫sonnerie de la bresche sera refaicte, il se faut ∫ouvenir d’abai∫ser le cavallier qui est eslevé au de∫sus de ladicte bresche jettant partie des terre du costé de la ville pour eslargir le rempart, partie du costé de la bresche pour remplis le vuide qui se trouvera entre la Ma∫sonnerie
et la terre du rampart, et faut se souvenir de remplir ledict vuide a mesure que l’on eslevera ladicte Mas∫onnerie./.
Mais comme l’on ne peut prendre aucun repos par deca que tous ces ouvrages ne soyent faicts, Mons~le Mareschal de chastillon est prié dy faire travailler par larmée avec la dilligence requise comme lon fit aux lignes lors que le siege fut commencé.

Il ne faut pas oublier de bien asseurer la ligne et la redoute que les ennemis avoyent faicte hors de la cité du costé de Mr le Mareschal de chastillon, l’on se ∫ouviendra bien quil faut reparer la bresche de lattaque de Monsieur le grand Mr tout dun allignement, ∫ans y lai∫ser aucun flanc ny redan comme il y en avoit un /.
L’on donne au∫sy advis de veoir ce qui
se pourroit faire a l’advenir du moulin proche la redoutte de la leau qui estoit gardée par les troupes de Mr le Mareschal de la Melleraye/.

Il faut faire une visite bien exacte de tous les moulins quil y a dans la ville et cité tante a eaüe a bras qu’a cheval et ne quitter cette pensée quils ne soyent en estat de servir, et sy ceux qui y sont ne suffisent il faut choisir les lieux pour en faire dautres a bras et a cheval, il y a des lieux bien propres dans levesché /

Lon a jugé a propos d’establir un magasin d’armes pour servir en cas de besoing, et pour cet effect lon envoyera d’icy deux Mil bon Mousquets/.

Lon envoye tout presentement a Paris pour y faire achapt de pois, febves
ris, chair ∫allée, poisson sec, amplatres, drogues medecinalles, vieux linges et generallement tout ce quil fait pour servir dans les occasions d’un siege./.

Cela faict il ∫era permis aux ennemis de venir tenter le siege, mais il y a lieu de croire quils y viendront a leur confusion comme ils firent aux lignes cependant pour ne mespriser ∫on ennemy il ∫e fait preparer a tout et pourveoir aux nece∫sites de la place en telle dilligence que nous ny soyons ∫urpris./

L’on estime du tout nece∫saire de razer tout ce quil y a de logement dans l’estendue des lignes sans exeption quelconque afin que l’ennemy ne s’en puisse prevalloir sil entrepriend le siege, je ∫alue Mesieurs les generaux et suis leur tres humble ∫erviteur, ∫igne desnoyers ./.

Lettre du Roy à Mr le Maral de chastillon du 25° aoust

Mon cousin, jay esté estonné dapprendre que depuis le depart de mon cousin le Maral de la Melleraye, plusieurs offrs des trouppes de mes armées que vous commandez ont quitté leurs charges les uns sans congé, les autres avec congé, et quil ∫en retire encore tous les jours mesmes que le Marquis de Mosny capitaine lieutenant de la compagnie de gendarmes de mon frere le duc d’orleans s’en est allé avec congé de tous et a pa∫sé icy en cachette, veu que je vous ay cy expressemment fait cognre que je ne desirois pas que vo~ donnassiez congé a aucun, et jay bien voulu vous faire encore cette lettre pour vous dire que mon intention est que vous ne permettiez a qui que ce soit de partir de ∫a charge pour quelque cau∫e et ∫oubs quelque prestexte que ce pui∫se estre ∫y
ce n’est pour grie∫ve blesseure et grande malladie, et come la conservation de mes troupes depend de l exacte observaõn de cette deffence ∫ans quoy to~ les ∫oings que je prends de faire garder les pas∫ages ∫eroyent inutils, je vous la recommande derechef et ma∫seurant que vous y conformerez je ne vous feray cette lettre plus longue que pour prier Dieu quil vous ayt mon cousin en sa ∫aincte et digne garde Escrit a Amiens le 25° aoust 1640 ∫igné Louis et plus bas jublet.

Lettre de Monseignr le Cardinal a Mr le Maral du mesme jour /.

Monsieur, vo~ ∫eaurez par M. denoyers comme on noublie aucune cho∫e pour mettre la place d’arras en estat, que sy les ennemis ∫e resolvent a l assieger, comme vous en avez advis, ils ny feront pas leurs
affaires, elle sera avec l’ayde de Dieu, dans peu de temps fort bien envitaillée outre les bleds, nous y ferons porter des pois des febves du ris du beurre du fromage du poi∫son ∫allé, du lard, des huilles et de la chandelle. Nous noublions pas les drogues, medicamens et vieux linges./.
Quand aux munitions de guerre on y lai∫sera deux cens Milliers de poudre, huict gros canons et douze autres, outre l’artillerie qui estoit dans la ville ./.
De vo∫tre part cest a vous Mr de haster les travaux de la ville et a faire limpo∫sible pour maintenir larmée que vous commandez ./.
Mons~ desnoyers escrit amplement po~ ce qui est des travaux au sieur arnould qui est sur les lieux ./
Quand a l’armee le Roy ma commandé de vous escrire que pour la con∫erver il ne
desire pas que vous donniez aucun congé a quelque officier que ce puisse estre sil n’est ble∫sé ou bien mallade, je vous conjure d’en u∫er ainsy tant pour ladvantage du ∫ervice du Roy que pour vostre interest particulier afin de ne donner pas lieu de croire que vous avez trop d’indulgence en cho∫e sy importante comme est elle la ./.
∫a Majesté estime a propos de faire oster tous les couverts qui ∫ont dans lestendue de la circonvallation et dont nous ∫ommes ∫ervis pendant le siege, afin que sy les ennemis veullent ras∫ieger cette place en larriere saison la ∫eulle incommodité du temps et des lieux ∫oit capable de ruyner leur armée, je vous supplie d’avoir un soing particulier de l execution de tout ce que de∫sus &

Lettre de Mons~ de Noyers a
Mr le Maral de chastillon du mesme jour

Monsieur.
Vous avez bien raison de pre∫ser nos convoys car il faut retirer vostre armée des environs d’arras qu’elle affame outre cela il faut que devant quelle en parte, ∫il y a moyen fortiffier les postes que je vous mandois hier au ∫oir et ruyner tout ce qui reste de couvert depuis a ville jusques aux lignes ∫ans rien exepter parce que ∫il venoit en la pen∫ée des ennemys de rea∫sieger quelque jour la ville il ne faut pas quils y trouvent un pied de couvert en quelque part que ce soit, le Roy desire que vous ne permettiez pas que l’on brusle une seulle hutte de tous les camps, mais que soigneusement vous fassiez reporter tout le bois et la paille dans la ville ou vo~ seavez quil ny en a point /.
Il est aussy temps de sere∫oudre po~ le fort quil faut establir entre dourla~ et arras ∫oit a l’atre ou ailleurs ainsy que vous le jugerez pour le mieux, et il faut que ce soit un fort a canon, qui pui∫se ∫oustenir un siege regullier, cela ne se peut faire que lors que vo∫tre armée ∫era partie d’arraas et que celle de Mr du hallier l’aura joinct ou quelle sera logée a la test du canche ou vers l’atre ainsy que vous adviserez ensemble, tout cecy est e∫sentiel et il ny fait poinct perdre de temps, au nom de Dieu Mons~ faites veoir au Roy et a SE. Que vous avez autant d’activité que tous Me∫sieurs vos compagnons ./.
Lon se plaint fort icy de ce que vous donnez congé a tous les officiers qui le vous demandent, nonobstant que ∫a Majté vous ayt mandé quelle ne le
desiroit pas, il y avoit icy ce matin ∫ix officiers du ∫eul regim~ de la marine jugez Mon~ combien il y en avoit de tous les autres corps, et en quel estat peuvent estre les troupes quand les officiers ∫ont ainsy desbandez le Roy en est en une peyne que je ne vo~ puis exprimer, donnez y ordre je vo~ prie Mons~ et me faictes la faveur de me croire ./.
Envoyez nous vos desputtez en caro∫se et ne permettez pas quils ∫oyent la fin de la courtoisie francoise /

Lettre de Mr le Maral de chastillon a Mr de Noyers du 25°

Monsieur.
Vos prevoyances et dilligences ∫ont admirables, nous ne croÿons pas que le convoy deust arriver encore de deux jours ny sy grand comme il est, cela
a fort estonné et esjouy la populace d’arras au∫sy bien que la garnison, quelque dilligence qu’on ayt pu faire depuis le grand matin qu’on a commencé a descharger vostre bled et farines, les charettes ne scauroyent estre prestes a partir plutost que demain dix heures dont nous avons donné advis à Mr du Hallier le priant d’envoyer a la teste de canche un de ses Mareschaux de camp avec l’escorte quil jugera nece∫saire pour les recevoir, avec le gros canon que Mr le Maral de la Melleraye a donné ordre d’envoyer a Dourlans touchant les fortiffications de la ville aux lieux que vo~ marquez elles ∫ont tres nece∫saires exepté celle du costé du quartier de Rantzau vers langle rentrant qui est entre la cité et la ville, jay considéré le lieu et trouve que c’est la plus dificile approche de touttes. ∫il y a quelque travail
travail a faire ce doibt estre la derniere car je vous a∫seure que cest le moings nece∫saire de tous ./.
Nous ne pouvons donner aucune ayde des ∫oldats de noster armée pour travailler aux fortiffications de la ville, puisque le Roy nous ordonne d’aller a Aubigny apres l’arrivée du convoy que vous nous avez envoyé, et a la verité nos fourrages ∫ont tellement courts que c’est tout ce que nous pouvons faire que de demeurer jusques a mercredy matin que no~ avons re∫olu de partir, il ne reste que les retranchemens des deux camps a razer, lundy et mardy nous y travaillerons sy pui∫samment que ce qui restera ne pourra pas ∫ervir beaucoup aux ennemis, et le bois et la paille de toutes nos huttes ∫eront sy promptem~ enlevez quil ny restera aucun couvert, il vo~ plaira M. donner l’ordre a ceux qui ont charge des vivres, de nous amener un
convoy aussy puissant que vous le pouvez faire, pour nos deux armées qui ne ∫eront de∫ormais qu’un mesme corps, no~ avons faict la refformaõn sy exacte de ce qu’on en distribuoit quil est malaisé d’en diminuer davantage, et avons prié Messieurs de coaslin et de ga∫sion den faire de me∫me pour les troupes de l’armée de Mr le Mareschal de la Melleraye, ainsy Mr nous ob∫ervons tout ce que vo~ desirez de nous le plus exactement quil se peult/
Mons~ de Ga∫sion a esté aujourdhui commander l’escorte des fourrageurs du co∫sté de Douay, et a veu mettre le feu dans le camp du duc charles et de Becq qui a entierement bruslé toutes leurs huttes, c’est une marque de leur deslogement, Mais nous ne scavons pas encore quelle brisée ils auront prise, des que nous l’a prendrons je vous en donneray advis en dilligence, je vous ∫upplie donner ordre
que le convoy pour la subsistance de l’armée arrive jeudy au soir pour le plus tard a Aubigny autrement nous ∫erions a la faim tout a faict il est du tout nece∫saire d’y pourveoir cependant je vous supplieray de me croire ./.

Lettre de Mr de Noyers a Mr le Mal de chastillon du 27°

Monsieur,
Jespere que vous aurez jeudy sans faillir du pain pour huict jours a aubigny, donnez ordre ∫il vous plaist a faire retenir un couvert pour le re∫errer autrement tout yroit mal car les moindres pluyes le gasteroyent, il faut ∫il vous plaist donner ∫y bon ordre au Razement des lignes quil n’en reste aucune quand vous partirez car autrement vous ne doubtez pas qu’elles ny restent et ne servent aux ennemys ∫ils pensent jamais a venir ∫ieger Arras,
je vous demande le mesme pour tous les couverts qui estoyent entre la ville et les lignes qui pourroyent aussy servir en cas de siege, vous nous rendrez Mon~ de chaulnes lors que vous ∫erez a Aubigny et me ferez scavoir par homme expres ∫y vous approuvez le logement de la teste de canche pour larmée de Mr du hallier afin quil sy rende au jour nommé et que tout se fasse de concert ./.
Vous avez envoyé trop tard a Mr du hallier, de ∫orte quil n’a pu envoyer au devant du convoy il vous prie de le faire plutost une autre fois & ./.

Lettre de Mr le Maral de chastillon a Monsigr le cardinal du 28° aoust ./.

Monseigneur
Les grands soings que S.E. prend de faire pourveoir arras de toutes les co∫es nece∫saires tant de munitions de
bouche que de guerre le mettra a couvert de tous les de∫seings que les ennemis pourroyent avoir ∫oit de l’entreprendre par blocus ou de vive force, ∫ils le font ils y employeront du temps davantage que le Marquis de spinola ne fit devant Bredas, et nous donneront beau jeu durant cette entreprise de prendre des places plus importantes qu’arras encore que pour la reputation il ne se puis∫e faire un plus beau siege que celuy que nous avons faict cette année, aussy je croy que V.E. ∫e doibt contenter de cela pour cette saison a cause des raisons que nous avons de∫ja mandées, j’aporteray tous mes ∫oings a maintenir larmée coe~. Vous me lordonnez, et vous promets Mon∫eigneur que je donneray aucun congé desormais que pour cause vien vallable, nous allons prendre le quartier d’Aubigny et y ∫subsisterons tant que nous y pourro~ nourrir nostre cavallerie, l’on travaille
aujourdhuy a desmolir les retranchemens des deux camps, pour les forts redouttes et lignes de toute la circonvallation tout cela est entierement raz& dimanche au soir 26° du mois ce travail fut achevé, pour ce qui est des couverts dont les plus considerables ∫ont au quartier ou estoit Mr le Maral de la Meilleraye cest une chose de longue halleyne. Il y a une grande abbaye, faute de Materiaux fort solides, une maison de gentilhommes et de fort beaux couverts pour des moulins quil y a, cest a scavoir ∫i VE. Entend que tout cela ∫oit desmoly, ce qu’en cas Mrde st preuil pourra faire a loisir avec une partie de sa garnison et des habitans craignant d’importuner VE paar une trop lingue lettre, toutes les particularites dont je me suis pu advser pour le present je les escripts a Mr de Noyers et ∫upplie VE. Me faire l’honn~ &.